Pont de Bonneuil-Matours

La réhabilitation du pont de Bonneuil-Matours, dernier pont suspendu de la Vienne, inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques, fait partie de la programmation des «  Grands Travaux  » du Schéma Routier Départemental 2022/2027 dans la continuité de celui de 2016/2021.

    Le chantier a débuté en juin 2020 et nécessite, depuis le 4 janvier 2021, la fermeture totale à la circulation automobile. Une passerelle provisoire accessible aux personnes à mobilité réduite est en place pour les piétons et les cyclistes posant pied à terre. 

    Le pont de Bonneuil-Matours, dont la construction d’origine avec tablier en bois et pylônes en pierre date de 1846, a fait l’objet d’une reconstruction du tablier et de sa suspension en 1932, puis de divers travaux de renforcements structurels au cours du temps.

    Présentant un certain nombre de pathologies liées notamment au vieillissement aggravé de sa suspension et à la capacité résistante réduite de son tablier, des mesures d'exploitations ont été mises en place au cours du temps : 

    • 1989 : limitation à un seul poids lourd de plus de 19 T sur l’ouvrage
    • 2006 : limitation à 19 T (corrosion des câbles aux ancrages) 
    • 2010 : limitation à 3,5T en période de gel
    • 2011 : limitation 12T (suite aux remplacements des étriers)
    • 2019 : limitation gabarit et 12T sans dérogation

    La largeur de trottoirs offerte et la position de ces derniers contre la chaussée, ne sont pas satisfaisantes pour la sécurité des piétons.

    • Société ARTCAD (69760 LIMONEST) pour la Maîtrise d'œuvre (MOE). Spécialisée dans les ouvrages anciens, depuis 30 ans, elle a mené à bien les projets de réhabilitation d'un tiers des ponts suspendus en France. 
    • Société ARCADIS (37553 SAINT-AVERTIN) pour l’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO). Elle assiste le Département de la Vienne en phase de conception et en phase de travaux sur les aspects techniques, planification, coût et juridique.
    • Société Baudin Châteauneuf (45110 CHATEAUNEUF SUR LOIRE) : Titulaire du marché de travaux.
      Spécialisée dans la rénovation d’ouvrages à câbles. 
      Elle assure la restauration générale du pont de Bonneuil-Matours avec :  
      • la réalisation des câbles dans l’atelier et leur mise en place sur site. 
      • le remplacement du tablier par une méthode innovante utilisant un système de roulement pour délancer l’ancienne structure et lancer la nouvelle simultanément.

    Les grandes phases de travaux

    1. Mise en place d’une passerelle provisoire

    2. Installation de la suspension provisoire

    3. Démolition de la dalle existante qui supporte la chaussée

    4. Pose d’une nouvelle charpente du tablier

    5. Renforcement des fondations en rive droite

    6. Lancement de la nouvelle suspension

    7. Dépose de la suspension existante et du tablier

    8. Transfert des charges de la suspension provisoire vers la suspension neuve

    9. Reconstitution des chambres d’ancrage

    10. Superstructures, équipements

    Des travaux et des aléas

    En 2020, afin de sécuriser la zone chantier, une signalisation lourde a été mise en place en rive droite (zone 30 et en modification des sens de priorité).

    Cette année a été consacrée aux travaux préparatoires dont certains sous alternat :

    • L’aménagement de l’installation de chantier en rive gauche et l’aménagement des accès en sous-face de l’ouvrage
    • La mise en place d’une passerelle provisoire pour permettre la continuité de la circulation piétonne lorsque le pont sera fermé
    • Le renforcement des pylônes afin de supporter la future suspente provisoire
    • Mise en place de la suspension provisoire.

    En 2021, il a été nécessaire de fermer le pont dès le 4 janvier 2021 à la circulation automobile, afin de réaliser les travaux de réhabilitation suivants :

    • Démolition de la dalle existante supportant la chaussée et du tablier
    • Mise en place de la charpente du tablier neuf (hormis rive droite), soutenue par une suspension provisoire
    • Désamiantage de l’ouvrage
    • Ancrage de la future suspension

    Cependant, pendant ces travaux de réhabilitation et à la suite de mesures de contrôle dans le cadre de la surveillance générale de l’ouvrage, un tassement anormal a été détecté, à la fin de l’été 2021, au niveau du pylône situé en rive droite avec un mouvement de bascule de quelques centimètres, invisible à l’œil nu. 

    Des contrôles et mesures sont effectués régulièrement depuis septembre 2021.

    Plusieurs solutions de confortement global de la pile ont été proposées. Suite à des réunions en présence du Conservateur Régional des Monuments Historiques, une solution de confortement des fondations avec des pieux positionnés en amont et en aval du pilier fragilisé est  actée en juin 2022. Cette solution a le mérite de conserver le pylône en place.

    En parallèle, les travaux possibles ne modifiant pas les charges du pylône en rive se sont poursuivis : démolition des culées, reconstitution et confortement des chambres d’ancrage, pose de la charpente travée de rive gauche, ancrages définitifs de la future suspension.

    A l'issue des travaux, le pont sera un peu plus large qu'actuellement, grâce à l'aménagement de deux trottoirs latéraux pour les piétons. Compte tenu de l’inscription de l’ouvrage aux Monuments Historiques, des contraintes spécifiques ont prévalu à la réhabilitation, comme la conservation de l’aspect visuel de l’ouvrage et des analyses stratigraphiques pour retrouver la ou les couleurs d’origine. L’objectif étant de refaire la chaussée pour garantir la sécurité des usagers et de préserver le cachet historique de l’ouvrage.

    Le chantier a été interrompu sur site le 26 mai 2022. Les nouvelles autorisations administratives ont été obtenues courant 2022.

    Depuis janvier 2023

    Les travaux de renforcement de la pile en rive droite ont nécessité l’installation d’ouvrages provisoires d’accès (plateforme de travail).

    La circulation piétonne a été maintenue durant ces travaux par l’aménagement de cheminements piétons adaptés en fonction de l’avancement des travaux.

    Depuis le début de l’année 2023, le battage des pieux métalliques de 2,30 mètres de diamètre a été réalisé. Cette opération a nécessité au préalable 24 pré forages pour en faciliter l’enfoncement dans la couche dure en calcaire puis a suivi la mise en sécurité de la pile rive droite : le chevêtre de liaison (partie qui coiffe les deux gros tubes et qui enserre la base des portiques) en tête des pieux ainsi que la précontrainte ont été réalisées. Les efforts transitent par ces gros tubes latéraux.

    En août, a débuté la pose de la suspension neuve et son réglage puis le transfert par petits paliers des charges de la suspension provisoire à la suspension neuve.

    Le dernier trimestre de l’année est consacré à la réalisation de la dalle béton de la rive droite et travée centrale, de la dépose de la suspension provisoire et portiques, pour terminer par l’étanchéité, les enrobés, les joints de chaussée et les épreuves.

    Réouverture à la circulation le 7 décembre 2023

    La circulation sera rétablie sous alternat le 7 décembre 2023.

    Cette réouverture de la circulation ne met pas fin aux travaux. En effet, ces derniers se poursuivront en 2024.

    Travaux 2024

    La mise en peinture du tablier et de la suspension interviendra aux beaux jours en raison de contraintes techniques d’application de la peinture au printemps 2024 et se fera sous alternat.

    Le coût des travaux lié à l’ouvrage d’art sont estimés à 12,8 M€ et sont financés par le Département de la Vienne. Une subvention de 1,22 M€ a été accordée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles - Conservation régionale des monuments historiques au titre des monuments historiques inscrits.

    Avec l’ensemble des autres travaux et études, le montant total de l’opération est de 14,5 M€.

    Un peu d'histoire...

    Au milieu du 19e siècle, le franchissement de la Vienne s'effectuait par bac.

    En 1845, les frères Escarraguel, entrepreneurs, et M. Desse, ingénieur civil, sont adjudicataires des travaux de construction d'un pont moyennant une concession de 69 ans. Le pont, en service en 1846, est à péage jusqu'en 1898.

    Ce pont supendu était en bois à une seule voie charretière (une chaussée "voie charretière" de 2,25 mètres et deux trottoirs de 0,75 mètres) et était limité à hauteur de 5 500 kg atellage compris.

    Cet ouvrage devient propriété de la Commune en 1897 puis du Département en 1915.

    L'état de vétusté de ce pont et l'augmentation du trafic (véhicules motorisés) ont nécessité la construction d'un nouvel ouvrage en 1931-1932 par les Etablissements Arnodin Leinekugel Le Coq, qui a été inauguré le 27 mai 1932.

    Les piles et fondations de 1846 ont été conservées, seul le tablier a été retravaillé dans le but d'offrir des dimensions géométriques correspondant aux besoins d'alors à savoir une chaussée de 5,20m et deux trottoirs de 0,70m chacun.

    C’est le plus ancien pont suspendu en France encore en service avec les câbles en faisceau jointif (les câbles se touchent tous et sont  groupés en faisceau). A l’époque, l’essai de câbles en faisceau jointif a ouvert la voie aux plus grands ponts suspendus de France, qui ont utilisé ce principe : pont de Tancarville, pont d’Aquitaine… Il est le 2e pont construit avec ce principe en France, le 1er se situant aussi dans la Vienne à Vicq sur Gartempe (1931), qui aujourd’hui n’existe plus. 

    Le pont de Bonneuil-Matours, dernier pont suspendu du Département, est le "témoin" des innovations techniques que les ingénieurs ont su apporter à ce type d'ouvrage.

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