« Aujourd’hui, avec le numérique et les smartphones, c’est la première fois dans l’histoire de la photographie que l’on dispose instantanément de l’image prise (à l’exception des polaroïds) et que l’outil, dans le cas des téléphones, nous permet de partager tout aussi immédiatement ces images. J’ai donc choisi de prendre le contrepied de cette instantanéité et d’explorer avec les élèves deux procédés photographiques analogiques. Le point de départ des œuvres réalisées par les élèves a été de leur faire (ré)intégrer le temps en photographie aux travers de deux techniques : le cyanotype et le sténopé, de leur faire éprouver le temps, aussi bien dans la préparation de la photographie, la prise de vue et la « révélation ».
Un sténopé est un dispositif optique très simple permettant d’obtenir un appareil photographique dérivé de la chambre noire. S’ajoute à cela une dimension d’artisanat / bidouille et de récupération. Le sténopé est l’appareil photo dans ce qu’il a de plus rudimentaire : un simple trou dans un contenant que l’on rend imperméable à la lumière. A peu près tout peut être utilisé pour sa fabrication. Ici, les élèves ont utilisé des cannettes de boisson. Sur la surface opposée à l’ouverture vient se former l’image inversée de la réalité extérieure, que l’on peut capturer sur un support photosensible, tel que du papier photographique. Comme l’œil, le sténopé capture des images inversées du monde environnant. Le sténopé nécessite normalement l’utilisation de deux papiers, le premier, inséré dans la boite, donnant une image négative lorsqu’il est révélé. Cependant, il existe désormais un papier « positif » que les élèves ont pu utiliser.
Le cyanotype, quant à lui, est un procédé photographique monochrome négatif ancien, par le biais duquel on obtient un tirage photographique bleu de Prusse, bleu cyan. Les motifs, qui apparaissent en clair sur fond sombre, sont obtenus par simple contact lors de l’exposition du papier à la lumière. En écho à mon travail personnel, ces cyanotypes ont une véritable dimension plastique, à travers par exemple l’utilisation d’emballages de confiseries ou encore la réalisation de compositions à partir de textes et d’images découpés dans des journaux.
Enfin, pour approfondir nos expérimentations, nous avons installé au sein de l’établissement un sténopé très longue durée (Solargraphie : technique permettant de photographier le parcours du Soleil dans le ciel). Sa durée d’exposition a été de trois semaines presque heure pour heure : soit le temps écoulé entre ma première et dernière séance de travail avec la classe. »
Un projet d’éducation artistique et culturelle mis en place par le Département de la Vienne, en partenariat avec la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale de la Vienne.